Message de notre CS national – Mars 2020
Et si nous en tirions du positif ?
Voici un mot de notre Conseiller Spirituel national.
Jeudi 12 mars, dans l’après-midi, les évêques de Belgique ont décidé de suspendre toutes les célébrations liturgiques publiques jusqu’au vendredi 3 avril au moins pour lutter contre le Coronavirus. Assez tard dans la soirée, la première ministre communiquait les décisions fédérales que nous connaissons. Un traitement choc. Le lendemain, la Belgique s’est réveillée dans une drôle d’ambiance. L’impression que la maladie, invisible, rôde partout et qu’il faut aborder chacun avec méfiance, que tout va s’arrêter, qu’il faut renoncer à des événements que l’on préparait peut-être depuis des mois : retraites, conférences, mariages, baptêmes, fêtes familiales, rencontre sportives, mouvements de jeunesse…
On entend des messages nouveaux. « Prenez soin de vous », se disait-on souvent. Depuis plusieurs jours, à la radio, un spot nous répète : « Prenez soin de vous, prenez soin aussi des autres. » Le mot « solidarité » est présent dans tous les messages. On justifie les mesures par l’intérêt général. C’est le premier remède à cette épidémie. On nous invite à protéger les plus faibles. Tout le monde se sent concerné. Pour une société que l’on qualifie d’individualiste, cela fait du bien à entendre. Cette solidarité se fait internationale. La science est mise au service du bien de tous, on se réjouit de ses progrès, on en mesure les bienfaits.
Tout à coup, la vie nous paraît plus fragile que jamais. On ne pourra pas vivre ces semaines sans se poser des questions, sans revisiter notre intériorité. Pour la plupart d’entre nous, notre agenda va nous offrir de larges pages blanches. Le discours habituel sur notre fatigue et notre overbooking ne sera plus de mise ! Puissions-nous utiliser ces nombreuses heures libérées pour nous retrouver nous-même, pour réfléchir, méditer, prier un peu plus que d’habitude. Finies, en effet, les courses folles d’une activité à l’autre, sans samedi ni dimanche.
Côté Église, c’est une première, à ma connaissance. Tous les lieux de culte seront déserté, la Semaine sainte elle-même et les fêtes pascales sont menacées. Sans doute allons-nous mesurer le vide que cela représente. Occasion rêvée de retrouver le dimanche comme le « jour du Seigneur », un jour vraiment chômé où, comme le disait le cardinal Danneels, nous pouvons tout faire deux fois plus lentement… Peut-être avons-nous fait de la messe dominicale une manière un peu routinière de nous acquitter du commandement du Sabbat. Il nous faudra être créatifs : comment ne pas manquer ce rendez-vous avec le Seigneur ? Comment rester à l’écoute de sa Parole et en communion avec nos frères chrétiens ?
Notre vie va bien changer durant au moins trois semaines. Puissions-nous en profiter pour prendre de nouvelles habitudes.
Charles Delhez sj